samedi 5 novembre 2011

          Pour conclure, ces adaptions du fait divers de Roberto Succo nous montre bien les différentes manières d’aborder et d’interpréter le meurtre, la vie et la mort. Car, où se situent les frontières entre la vie et l’au-delà dans ces oeuvres? La prison était déjà une première forme de mort pour l’homme et il en est de même pour ses représentations imaginaires. En tuant ses parents, c’est à ce moment là que le fils est également décédé, il n’est plus qu’une ombre troublante qui tue sans autre raison que maladive. Etre considérer comme un simple criminel atteint de folie maladive par la presse, était insupportable pour Succo qui se se jugeait au dessus des lois des hommes. Son évasion, image d’un véritable show télévisuel, était son ultime tentative pour montrer qu’il était au dessus des simples mortels. L’art a, en quelque sorte, exaucer son voeux en l’encrant dans l’immortalité. Parlerions-nous toujours autant de lui s’il n’avait pas était sujet d’inspiration artistique?
Il est omniprésent dans la pièce comme dans le film. En effet, bien que chez Koltès le peu de décors mette d’avantage en lumière ce personnage, dans le film, malgré une focalisation zéro et des décors important, notre regard et notre attention ne peut se détacher de cet homme tout aussi horrible qu’il puisse paraître. Nous ne pouvons donc pas reprocher aux artistes de nous faire nous attacher à ce personnage, lui-même ayant réussi de son vivant, à créer l’engouement pour sa personne.
Si le code pénal italien l’a jugé « incapace di ascoltare e vuole » (“incapable d’entendre et de vouloir”, ou pénalement irresponsable, c’est-à-dire rendu non conscient de ses actes après une expertise psychiatrique), les auteurs n’élèvent pas au rang de mythe un criminel mais la représentation de celui-ci. Succo n’est pas reconnu artistiquement pour excuser ses actes mais plutôt pour perpétuer le mystère qui planait autour de ce personnage ou propager le mythe. Personnalité complexe, ambigüe, le fantasme se crée-t-il autour de l’homme imaginaire, sain et attachant ou le tueur irrationnel? Devons-nous nous reprocher cette fascination?
Si la réalité de sa fin de vie le voit comme un être pathétique, l’art le fait vivre et mourir en héros. Et peut être bien que Succo lui-même savait que même à titre posthume, il continuerait à créer le fantasme mythique, ne considérant pas la mort physique comme une véritable expiration:
«  Quand ils vous diront que je suis mort, n’ayez pas trop de chagrin, je serais en train d’écouter le chant des oiseaux » (dernier interrogatoire de Roberto Succo)